Entrevues

Topic 7190129

DH//126Re://T7190[Spheric/Monarque - Kaléidoscope] post. 17-10-05 15:26:51

 

 

© PHOTOS FONDATION DOCTEUR CARSON pour la Recherche sur la maladie de Crohn

 

Soirée bénéfice lundi le 2 octobre 2017

ENTREVUE AVEC

 

Meghane Lewster

 

récipiendaire du Prix de la Fondation Docteur Carson

pour la Recherche sur la maladie de Crohn

 

pour son recueil

 

Kaléidoscope

 

(Lewster Books Publisher)

Une entrevue de

 

STEPHEN DUFAULT

Grandes pompes à la soirée bénéfice de la Fondation Docteur Carson lundi soir dernier où les trois filles (ci-dessus) de feu Eusbieus Carson jr, Cordell, Reggy, et Gonnera se faisaient les aimables hôtesses du gratin scientifique. Animé par la pamphlétaire bien connue Jluba Anthems, qui a tenu elle-même à un autographe du secrétaire de la fondation Ami Aboud dans son propre livre Comment secourir une institution en péril (en haut au centre), ce gala était également l'occasion de remettre les prix culturels annuels aux artistes reconnus pour leur contribution exceptionnelle (arts de la scène, musique, arts martiaux et création littéraire), dont Hanna Harvey-Harrisson (harpiste de l'orchestre du centre de la Fondation) et Meghane Lewster, de la maison Lewster à Charlottetown, pour son recueil de nouvelles intitulé Kaléidoscope.

 

 

 

STEPHEN DUFAULT -  La Fondation du Docteur Carson pour la Recherche sur la maladie de Crohn vient de vous décerner son prix annuel pour votre recueil de nouvelles Kaléidoscope. Félicitations tout d’abord et parlez-nous un peu de votre réaction. J’imagine que vous avez reçu cet honneur avec le plus grand enthousiasme?

 

MEGHANE LEWSTER - J’avoue avoir été très honorée. Recevoir un prix de cette envergure est très significatif dans la vie d’une écrivaine et que cela vienne d’une fondation qui a tant fait pour notre petite imprimerie ajoute à mon bonheur.

 

S.D. - Et comment avez-vous réagi quand vous avez appris la bonne nouvelle?

 

M.L. - D’abord, je ne pouvais pas m’imaginer que je figurais au nombre des finalistes. Lorsque la liste a été rendue publique, j’ai même téléphoné à la Fondation pour leur demander si ce n’était pas une erreur (rires).

 

S.D. - Et qu’est-ce qu’on vous a dit?

 

M.L. - On m’a rassurée: j’étais bel et bien parmi les quatre auteurs pressentis pour remporter le prix! Et lorsqu’on m’a finalement confirmé que c’est moi qui gagnais, j’ai couru comme une folle à la pharmacie pour m’acheter des billets de loterie!!! C’était ma journée (rires)!

 

S.D. - Et ça vous a porté chance?

 

M.L. - Je n’ai pas encore vérifié, pour vous montrer comment je suis nulle dans ces histoires de loterie!

 

S.D. - Meghane Lewster, parlez-nous un peu de votre recueil Kaléidoscope.

 

M.L. - Il s’agit de nouvelles inspirées par des rêves qui m’ont été racontés par des connaissances. Vous savez qu’on se pose souvent la question: est-ce que nous rêvons en couleur? C’est à ça que j’ai tenté de répondre en intitulant chaque nouvelle d’un objet évoquant une couleur. Ex. ma troisième nouvelle intitulée: Le Camion de pompier.

 

S.D. - Est-ce qu’il vous arrive de transposer vos propres rêves dans vos nouvelles?

 

M.L. - Je ne suis pas douée pour me souvenir de mes rêves! Il paraît qu’il y a des trucs qu’on doit essayer pour que ça marche mais j’oublie toujours de noter ces trucs, alors je crois que je suis une cause désespérée (rires)!

 

S.D. - Quelles sont vos préoccupations majeures quand vous écrivez?

 

M.L. - Mon Dieu… par où commencer! Je pense être très vulnérable à l’injustice humaine, et c’est là-dessus je crois que mon œuvre a trouvé sa voie.

 

S.D. - Quel genre d’injustice vous fait le plus souffrir?

 

M.L. - Les injustices commises à l’égard des moins nantis, des plus faibles. Je crois que chaque être humain a droit à un certain bonheur dans l’existence et que ce bonheur lui soit refusé me comble de révolte, n’ayons pas peur des mots.

 

S.D. - Comme ce petit garçon qui voulait devenir pompier plus tard alors que ses parents ne voulaient pas?

 

M.L. - Voilà. Et ils l’ont forcé jusqu’à l’âge de 20 ans à se concentrer vers des métiers plus sécuritaires. Cela dénote un manque d’écoute de la part des parents et vous savez que c’est une réalité de plus en plus fréquente dans notre époque compliquée. Ou encore ce bon père de famille obligé de travailler à Noël (il est de garde dans un hôpital qui ne lui autorise pas de congé, sous peine de renvoi) et il doit choisir entre sa sécurité financière et l’amour qu’il porte aux siens. Ce sont ces conflits intérieurs qui m’intéressent.

 

S.D. - Oui. D’ailleurs le jury de la Fondation a souligné la grande humanité de votre inspiration. À part les rêves des gens que vous connaissez, où puisez-vous vos idées?

 

M.L. - Elles me viennent en marchant. J’adore me balader dans des parcs. En flânant, c’est fou tout ce qui nous vient à l’esprit!

 

S.D. - Ça doit. Et vous écrivez au retour de ces promenades? Comment ça se passe? Ce doit être si trépidant, la vie d’une écrivaine!

 

M.L. - Oh, à qui le dites-vous!!! (rires) J’écris généralement après le souper, quand les enfants sont couchés. Je transcris les pensées qui me sont venues dans le courant de la journée. Je retranscris aussi les notes que j’ai prises durant mes promenades, ou je jette sur papier les grandes lignes d’une conversation que j’ai eue avec d’autres personnes. En ayant soin de ne pas dire leurs vrais noms, bien entendu! Mais j’essaie de rapporter le plus fidèlement possible ce qu’ils m’ont dit. C’est très instructif, ce que les autres peuvent dire sur différents sujets. On apprend toujours beaucoup des autres.

 

S.D. - Vous devez vous sentir privilégiée de pouvoir rapporter comme ça des paroles et structurer le tout de façon à ce que ce soit palpitant pour vos lecteurs?

 

M.L. - Oui mais je reste néanmoins quelqu’un de très, comment dire, de très humain, de très terre-à-terre. Même que parfois on me le reproche et je suis obligée d’admettre qu’en effet j’ai beaucoup à envier au génie des autres, qui font pourtant des métiers qui ne sont pas médiatisés comme le mien.

 

S.D. - Comme par exemple?

 

M.L. - Oh, ce ne sont pas les exemples qui manquent! Tenez, je manque tellement de confiance en moi que pour une chose aussi simple que visser une ampoule j’aurais presque le réflexe d’appeler à la quincaillerie (rires). Sans blague, pour vous dire à quel point je suis nulle, je crois que je n’ai jamais réussi à faire un sandwiche! Je vous jure. Tous ont essayé de me le montrer, mais ça ne rentre pas!!! (rires).

 

S.D. - Mais on a vu de grands génies maintenir ce genre de déséquilibre entre la création et la vie pratique!

 

M.L. - Eh bien à ce compte-là, je pense que je suis bien partie pour le Nobel de la littérature!

 

S.D. - Quand même! Vous n’êtes sûrement pas si incompétente que vous le dites!

 

M.L. - Mais attendez!!! Pas plus tard que l’autre jour, j’ai emprunté une bretelle d’accès pour la 37 nord en sens inverse de la circulation (rires)! Eh bien, ça, c’est moi!!!

 

S.D. - Il n’y a pas eu d’accidents j’espère! Pour revenir à ce merveilleux travail d’écrivaine que vous faites,  vous avez mis l’accent, dans votre discours de remerciement, sur la difficulté d’assumer pleinement ce métier, ou doit-on dire profession?

 

M.L. - Métier. J’insiste. Nous ne sommes que des artisans, c’est un métier que nous essayons de faire le plus honnêtement possible, et nous devons rester humbles sur cette question. J’ai horreur de ceux qui se proclament des artistes gros comme ça, des grands de ce monde, souvent ce ne sont que des paroles, il faut voir aux résultats, et ne jamais juger de la valeur d’un écrivain sans l’avoir au moins lu trois fois.

 

S.D. - Sage réflexion. Et vos enfants? Vous leur avez rendu un témoignage vibrant dans ce même discours.

 

M.L. - J’ai simplement voulu m’excuser auprès d’eux d’avoir fait ce choix d’écrire. Il n’y pas un enfant sur cette terre qui a mérité d’avoir une mère écrivaine, qui doit faire passer son inspiration avant toute chose. Après tout, ils n’ont pas demandé à venir au monde.

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:07:31

ESTRELLA

J’étais contente que la lauréate du prix de la Fondation Dr Carson soit notre amie Meghane. Je veux réagir positivement à l’entrevue qu’elle a accordée à Stef Dufault même si je trouve qu’on aurait pu faire l’économie de certains petits détails à mon sens pas si représentatifs de sa personnalité. Meghane aime plus à parler de ses gaffes qu’elle n’en fait réellement quand on la connaît dans la vraie vie. Mais l’essentiel est qu’elle ait gagné ce prix, et je l’en félicite.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:15:08

SAMYU

Mes plus vives félicitations à Miss Butterfly. Charlottetown, ce n’est pas encore Stockholm mais donnons-lui le temps de se rendre au prix Nobel comme elle-même l’affirme, mais je suis conscient que c’était une boutade et j’ai bien ri.

J'ai aimé cette entrevue, d'accord moi aussi pour les interventions typiquement "méghaniennes" mais ça on ne la changera pas.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:18:23

HUMANBLUES

Bravo Meghane, ce prix tu l’as amplement mérité! Moi je veux souligner l’apport que tu fais sur ce site et aussi ton implication auprès d’une jeune écriture fringante pas toujours facile à dompter, surtout quand nous nous rebiffons contre l’arrière-garde, mais c’est toujours dans le respect et l’affection qu’on te porte.

Félicitations!

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:20:30

SPHERIC

J’ai soumis une série de coupures à Meghane mais elle semblait tenir à l’intégralité de ses interventions, incluant ses frasques en sens inverse sur l’autoroute. Il faut en prendre et en laisser. Beaucoup de gens en entrevue croient qu’en confessant des aspects peu reluisants de leur personnalité, cela les rend plus accessibles, plus humains, et comme le ton était à la légèreté je ne me suis pas crispé, je lui ai laissé passer ses coquetteries.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:23:51

FRANTIC

Le respect et l’affection qu’on te porte MMOUAAAHHHHHH-HA-HA!!! Fondation Carson, qui subventionne l’imprimerie Carson, qui édite les textes de Lewster Books Publisher et comme par hasard la lauréate cette année est Meghane Lewster… Scusez mais quand tout le monde couche ensemble dans le même village ça fait pas des enfants très forts.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:27:53

ADRIETH

Je connais des personnes qui ont cette pudeur poussée à l’extrême; ce qu’on appelle aussi de la fausse modestie, mais c’est inévitable quand on en est à ses débuts et qu’on donne nos premières entrevues. Je pense que Meghane ne voulait pas se faite passer pour une cervelle d’oiseau et elle aura bien l’occasion de se reprendre. Et puis bon, nous avons toutes fait des conneries dans la vie.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:29:41

NAOS

Conduire en sens inverse sur l’autoroute n’est pas qu’une petite connerie je te fais remarquer Adriette, et de se vanter de cela en entrevue ce n’était pas non plus l’idée du siècle.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:31:40

LAETICIA

Ce que nous sommes se réalise: nos rêves, et nos peurs.

Pas ceux ou celles que nous aimerions avoir, et que nous croyons porter comme la foi.

En ce qui a trait aux rêves, je veux parler de ceux qui nous habitent au fond, qui nous ont vu naître, et auxquels on va toujours puiser notre eau dans un marécage où nous n'aimerions pas être vus. Ils se réalisent et apportent leurs lots de soucis: hypothèques, noyades, humiliations, mais aussi parfois un bonheur si total que nous n'avons pas d'autres choix que de le fuir.

C’est une grande chose qui vient d’arriver à notre amie. Elle en rêvait, et ce rêve qui vient de se réaliser pour elle a peut-être fait en sorte qu’elle a voulu se protéger par strict mécanisme de défense.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:36:22

HARIETT

Souvenez-vous de ces personnalités publiques sur qui la pression était trop forte et qui ont volé à l’étalage, dans le but complètement insensé de détourner les médias sur une action répréhensible à cause d’une surmédiatisation de leur personne, ils ont tenté de renverser la vapeur pour en finir avec la pression. Je pense que c’est ce qui est arrivé à Meghane.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:38:09

AZUAKE

Nos peurs aussi existent dans la réalité: pas celles qui embellissent la personnalité - peur de décevoir, peur de blesser les autres, peur de la cruauté... mais les vrais peurs: perdre la mémoire, ses clefs, ses enfants, sa foi, une main, un pied. Ces peurs-là, pourvu qu'on les entretienne, finissent toujours par arriver.

 

130Re://T7190[Estr//Frantic/Spheric/Samyu/Humanbl/Adrieth/Stylianos - Dr-Carson] post. 17-10-06 14:41:15

STYLIANOS

Et l'on dit que  le destin ne t'enverra jamais d'épreuves que tu ne seras pas capable de surmonter? J'en doute. La dernière finira par t'avoir.

 

 

 

Topic 7190129

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© PHOTOS FONDATION DOCTEUR CARSON pour la Recherche sur la maladie de Crohn

 

Soirée bénéfice lundi le 2 octobre 2017

ENTREVUE AVEC

 

Meghane Lewster

 

récipiendaire du Prix de la Fondation Docteur Carson

pour la Recherche sur la maladie de Crohn

 

pour son recueil

 

Kaléidoscope

 

(Lewster Books Publisher)

Une entrevue de

 

STEPHEN DUFAULT

Grandes pompes à la soirée bénéfice de la Fondation Docteur Carson lundi soir dernier où les trois filles (ci-dessus) de feu Eusbieus Carson jr, Cordell, Reggy, et Gonnera se faisaient les aimables hôtesses du gratin scientifique. Animé par la pamphlétaire bien connue Jluba Anthems, qui a tenu elle-même à un autographe du secrétaire de la fondation Ami Aboud dans son propre livre Comment secourir une institution en péril (en haut au centre), ce gala était également l'occasion de remettre les prix culturels annuels aux artistes reconnus pour leur contribution exceptionnelle (arts de la scène, musique, arts martiaux et création littéraire), dont Hanna Harvey-Harrisson (harpiste de l'orchestre du centre de la Fondation) et Meghane Lewster, de la maison Lewster à Charlottetown, pour son recueil de nouvelles intitulé Kaléidoscope.

 

 

 

STEPHEN DUFAULT -  La Fondation du Docteur Carson pour la Recherche sur la maladie de Crohn vient de vous décerner son prix annuel pour votre recueil de nouvelles Kaléidoscope. Félicitations tout d’abord et parlez-nous un peu de votre réaction. J’imagine que vous avez reçu cet honneur avec le plus grand enthousiasme?

 

MEGHANE LEWSTER - J’avoue avoir été très honorée. Recevoir un prix de cette envergure est très significatif dans la vie d’une écrivaine et que cela vienne d’une fondation qui a tant fait pour notre petite imprimerie ajoute à mon bonheur.

 

S.D. - Et comment avez-vous réagi quand vous avez appris la bonne nouvelle?

 

M.L. - D’abord, je ne pouvais pas m’imaginer que je figurais au nombre des finalistes. Lorsque la liste a été rendue publique, j’ai même téléphoné à la Fondation pour leur demander si ce n’était pas une erreur (rires).

 

S.D. - Et qu’est-ce qu’on vous a dit?

 

M.L. - On m’a rassurée: j’étais bel et bien parmi les quatre auteurs pressentis pour remporter le prix! Et lorsqu’on m’a finalement confirmé que c’est moi qui gagnais, j’ai couru comme une folle à la pharmacie pour m’acheter des billets de loterie!!! C’était ma journée (rires)!

 

S.D. - Et ça vous a porté chance?

 

M.L. - Je n’ai pas encore vérifié, pour vous montrer comment je suis nulle dans ces histoires de loterie!

 

S.D. - Meghane Lewster, parlez-nous un peu de votre recueil Kaléidoscope.

 

M.L. - Il s’agit de nouvelles inspirées par des rêves qui m’ont été racontés par des connaissances. Vous savez qu’on se pose souvent la question: est-ce que nous rêvons en couleur? C’est à ça que j’ai tenté de répondre en intitulant chaque nouvelle d’un objet évoquant une couleur. Ex. ma troisième nouvelle intitulée: Le Camion de pompier.

 

S.D. - Est-ce qu’il vous arrive de transposer vos propres rêves dans vos nouvelles?

 

M.L. - Je ne suis pas douée pour me souvenir de mes rêves! Il paraît qu’il y a des trucs qu’on doit essayer pour que ça marche mais j’oublie toujours de noter ces trucs, alors je crois que je suis une cause désespérée (rires)!

 

S.D. - Quelles sont vos préoccupations majeures quand vous écrivez?

 

M.L. - Mon Dieu… par où commencer! Je pense être très vulnérable à l’injustice humaine, et c’est là-dessus je crois que mon œuvre a trouvé sa voie.

 

S.D. - Quel genre d’injustice vous fait le plus souffrir?

 

M.L. - Les injustices commises à l’égard des moins nantis, des plus faibles. Je crois que chaque être humain a droit à un certain bonheur dans l’existence et que ce bonheur lui soit refusé me comble de révolte, n’ayons pas peur des mots.

 

S.D. - Comme ce petit garçon qui voulait devenir pompier plus tard alors que ses parents ne voulaient pas?

 

M.L. - Voilà. Et ils l’ont forcé jusqu’à l’âge de 20 ans à se concentrer vers des métiers plus sécuritaires. Cela dénote un manque d’écoute de la part des parents et vous savez que c’est une réalité de plus en plus fréquente dans notre époque compliquée. Ou encore ce bon père de famille obligé de travailler à Noël (il est de garde dans un hôpital qui ne lui autorise pas de congé, sous peine de renvoi) et il doit choisir entre sa sécurité financière et l’amour qu’il porte aux siens. Ce sont ces conflits intérieurs qui m’intéressent.

 

S.D. - Oui. D’ailleurs le jury de la Fondation a souligné la grande humanité de votre inspiration. À part les rêves des gens que vous connaissez, où puisez-vous vos idées?

 

M.L. - Elles me viennent en marchant. J’adore me balader dans des parcs. En flânant, c’est fou tout ce qui nous vient à l’esprit!

 

S.D. - Ça doit. Et vous écrivez au retour de ces promenades? Comment ça se passe? Ce doit être si trépidant, la vie d’une écrivaine!

 

M.L. - Oh, à qui le dites-vous!!! (rires) J’écris généralement après le souper, quand les enfants sont couchés. Je transcris les pensées qui me sont venues dans le courant de la journée. Je retranscris aussi les notes que j’ai prises durant mes promenades, ou je jette sur papier les grandes lignes d’une conversation que j’ai eue avec d’autres personnes. En ayant soin de ne pas dire leurs vrais noms, bien entendu! Mais j’essaie de rapporter le plus fidèlement possible ce qu’ils m’ont dit. C’est très instructif, ce que les autres peuvent dire sur différents sujets. On apprend toujours beaucoup des autres.

 

S.D. - Vous devez vous sentir privilégiée de pouvoir rapporter comme ça des paroles et structurer le tout de façon à ce que ce soit palpitant pour vos lecteurs?

 

M.L. - Oui mais je reste néanmoins quelqu’un de très, comment dire, de très humain, de très terre-à-terre. Même que parfois on me le reproche et je suis obligée d’admettre qu’en effet j’ai beaucoup à envier au génie des autres, qui font pourtant des métiers qui ne sont pas médiatisés comme le mien.

 

S.D. - Comme par exemple?

 

M.L. - Oh, ce ne sont pas les exemples qui manquent! Tenez, je manque tellement de confiance en moi que pour une chose aussi simple que visser une ampoule j’aurais presque le réflexe d’appeler à la quincaillerie (rires). Sans blague, pour vous dire à quel point je suis nulle, je crois que je n’ai jamais réussi à faire un sandwiche! Je vous jure. Tous ont essayé de me le montrer, mais ça ne rentre pas!!! (rires).

 

S.D. - Mais on a vu de grands génies maintenir ce genre de déséquilibre entre la création et la vie pratique!

 

M.L. - Eh bien à ce compte-là, je pense que je suis bien partie pour le Nobel de la littérature!

 

S.D. - Quand même! Vous n’êtes sûrement pas si incompétente que vous le dites!

 

M.L. - Mais attendez!!! Pas plus tard que l’autre jour, j’ai emprunté une bretelle d’accès pour la 37 nord en sens inverse de la circulation (rires)! Eh bien, ça, c’est moi!!!

 

S.D. - Il n’y a pas eu d’accidents j’espère! Pour revenir à ce merveilleux travail d’écrivaine que vous faites,  vous avez mis l’accent, dans votre discours de remerciement, sur la difficulté d’assumer pleinement ce métier, ou doit-on dire profession?

 

M.L. - Métier. J’insiste. Nous ne sommes que des artisans, c’est un métier que nous essayons de faire le plus honnêtement possible, et nous devons rester humbles sur cette question. J’ai horreur de ceux qui se proclament des artistes gros comme ça, des grands de ce monde, souvent ce ne sont que des paroles, il faut voir aux résultats, et ne jamais juger de la valeur d’un écrivain sans l’avoir au moins lu trois fois.

 

S.D. - Sage réflexion. Et vos enfants? Vous leur avez rendu un témoignage vibrant dans ce même discours.

 

M.L. - J’ai simplement voulu m’excuser auprès d’eux d’avoir fait ce choix d’écrire. Il n’y pas un enfant sur cette terre qui a mérité d’avoir une mère écrivaine, qui doit faire passer son inspiration avant toute chose. Après tout, ils n’ont pas demandé à venir au monde.

Topic 7190129

DH//126Re://T7190[Spheric/Monarque - Kaléidoscope] post. 17-10-05 15:26:51

 

 

© PHOTOS FONDATION DOCTEUR CARSON pour la Recherche sur la maladie de Crohn

 

Soirée bénéfice lundi le 2 octobre 2017

ENTREVUE AVEC

 

Meghane Lewster

 

récipiendaire du Prix de la Fondation Docteur Carson

pour la Recherche sur la maladie de Crohn

 

pour son recueil

 

Kaléidoscope

 

(Lewster Books Publisher)

Une entrevue de

STEPHEN DUFAULT

Grandes pompes à la soirée bénéfice de la Fondation Docteur Carson lundi soir dernier où les trois filles (ci-dessus) de feu Eusbieus Carson jr, Cordell, Reggy, et Gonnera se faisaient les aimables hôtesses du gratin scientifique. Animé par la pamphlétaire bien connue Jluba Anthems, qui a tenu elle-même à un autographe du secrétaire de la fondation Ami Aboud dans son propre livre Comment secourir une institution en péril (en haut au centre), ce gala était également l'occasion de remettre les prix culturels annuels aux artistes reconnus pour leur contribution exceptionnelle (arts de la scène, musique, arts martiaux et création littéraire), dont Hanna Harvey-Harrisson (harpiste de l'orchestre du centre de la Fondation) et Meghane Lewster, de la maison Lewster à Charlottetown, pour son recueil de nouvelles intitulé Kaléidoscope.

 

 

 

STEPHEN DUFAULT -  La Fondation du Docteur Carson pour la Recherche sur la maladie de Crohn vient de vous décerner son prix annuel pour votre recueil de nouvelles Kaléidoscope. Félicitations tout d’abord et parlez-nous un peu de votre réaction. J’imagine que vous avez reçu cet honneur avec le plus grand enthousiasme?

 

MEGHANE LEWSTER - J’avoue avoir été très honorée. Recevoir un prix de cette envergure est très significatif dans la vie d’une écrivaine et que cela vienne d’une fondation qui a tant fait pour notre petite imprimerie ajoute à mon bonheur.

 

S.D. - Et comment avez-vous réagi quand vous avez appris la bonne nouvelle?

 

M.L. - D’abord, je ne pouvais pas m’imaginer que je figurais au nombre des finalistes. Lorsque la liste a été rendue publique, j’ai même téléphoné à la Fondation pour leur demander si ce n’était pas une erreur (rires).

 

S.D. - Et qu’est-ce qu’on vous a dit?

 

M.L. - On m’a rassurée: j’étais bel et bien parmi les quatre auteurs pressentis pour remporter le prix! Et lorsqu’on m’a finalement confirmé que c’est moi qui gagnais, j’ai couru comme une folle à la pharmacie pour m’acheter des billets de loterie!!! C’était ma journée (rires)!

 

S.D. - Et ça vous a porté chance?

 

M.L. - Je n’ai pas encore vérifié, pour vous montrer comment je suis nulle dans ces histoires de loterie!

 

S.D. - Meghane Lewster, parlez-nous un peu de votre recueil Kaléidoscope.

 

M.L. - Il s’agit de nouvelles inspirées par des rêves qui m’ont été racontés par des connaissances. Vous savez qu’on se pose souvent la question: est-ce que nous rêvons en couleur? C’est à ça que j’ai tenté de répondre en intitulant chaque nouvelle d’un objet évoquant une couleur. Ex. ma troisième nouvelle intitulée: Le Camion de pompier.

 

S.D. - Est-ce qu’il vous arrive de transposer vos propres rêves dans vos nouvelles?

 

M.L. - Je ne suis pas douée pour me souvenir de mes rêves! Il paraît qu’il y a des trucs qu’on doit essayer pour que ça marche mais j’oublie toujours de noter ces trucs, alors je crois que je suis une cause désespérée (rires)!

 

S.D. - Quelles sont vos préoccupations majeures quand vous écrivez?

 

M.L. - Mon Dieu… par où commencer! Je pense être très vulnérable à l’injustice humaine, et c’est là-dessus je crois que mon œuvre a trouvé sa voie.

 

S.D. - Quel genre d’injustice vous fait le plus souffrir?

 

M.L. - Les injustices commises à l’égard des moins nantis, des plus faibles. Je crois que chaque être humain a droit à un certain bonheur dans l’existence et que ce bonheur lui soit refusé me comble de révolte, n’ayons pas peur des mots.

 

S.D. - Comme ce petit garçon qui voulait devenir pompier plus tard alors que ses parents ne voulaient pas?

 

M.L. - Voilà. Et ils l’ont forcé jusqu’à l’âge de 20 ans à se concentrer vers des métiers plus sécuritaires. Cela dénote un manque d’écoute de la part des parents et vous savez que c’est une réalité de plus en plus fréquente dans notre époque compliquée. Ou encore ce bon père de famille obligé de travailler à Noël (il est de garde dans un hôpital qui ne lui autorise pas de congé, sous peine de renvoi) et il doit choisir entre sa sécurité financière et l’amour qu’il porte aux siens. Ce sont ces conflits intérieurs qui m’intéressent.

 

S.D. - Oui. D’ailleurs le jury de la Fondation a souligné la grande humanité de votre inspiration. À part les rêves des gens que vous connaissez, où puisez-vous vos idées?

 

M.L. - Elles me viennent en marchant. J’adore me balader dans des parcs. En flânant, c’est fou tout ce qui nous vient à l’esprit!

 

S.D. - Ça doit. Et vous écrivez au retour de ces promenades? Comment ça se passe? Ce doit être si trépidant, la vie d’une écrivaine!

 

M.L. - Oh, à qui le dites-vous!!! (rires) J’écris généralement après le souper, quand les enfants sont couchés. Je transcris les pensées qui me sont venues dans le courant de la journée. Je retranscris aussi les notes que j’ai prises durant mes promenades, ou je jette sur papier les grandes lignes d’une conversation que j’ai eue avec d’autres personnes. En ayant soin de ne pas dire leurs vrais noms, bien entendu! Mais j’essaie de rapporter le plus fidèlement possible ce qu’ils m’ont dit. C’est très instructif, ce que les autres peuvent dire sur différents sujets. On apprend toujours beaucoup des autres.

 

S.D. - Vous devez vous sentir privilégiée de pouvoir rapporter comme ça des paroles et structurer le tout de façon à ce que ce soit palpitant pour vos lecteurs?

 

M.L. - Oui mais je reste néanmoins quelqu’un de très, comment dire, de très humain, de très terre-à-terre. Même que parfois on me le reproche et je suis obligée d’admettre qu’en effet j’ai beaucoup à envier au génie des autres, qui font pourtant des métiers qui ne sont pas médiatisés comme le mien.

 

S.D. - Comme par exemple?

 

M.L. - Oh, ce ne sont pas les exemples qui manquent! Tenez, je manque tellement de confiance en moi que pour une chose aussi simple que visser une ampoule j’aurais presque le réflexe d’appeler à la quincaillerie (rires). Sans blague, pour vous dire à quel point je suis nulle, je crois que je n’ai jamais réussi à faire un sandwiche! Je vous jure. Tous ont essayé de me le montrer, mais ça ne rentre pas!!! (rires).

 

S.D. - Mais on a vu de grands génies maintenir ce genre de déséquilibre entre la création et la vie pratique!

 

M.L. - Eh bien à ce compte-là, je pense que je suis bien partie pour le Nobel de la littérature!

 

S.D. - Quand même! Vous n’êtes sûrement pas si incompétente que vous le dites!

 

M.L. - Mais attendez!!! Pas plus tard que l’autre jour, j’ai emprunté une bretelle d’accès pour la 37 nord en sens inverse de la circulation (rires)! Eh bien, ça, c’est moi!!!

 

S.D. - Il n’y a pas eu d’accidents j’espère! Pour revenir à ce merveilleux travail d’écrivaine que vous faites,  vous avez mis l’accent, dans votre discours de remerciement, sur la difficulté d’assumer pleinement ce métier, ou doit-on dire profession?

 

M.L. - Métier. J’insiste. Nous ne sommes que des artisans, c’est un métier que nous essayons de faire le plus honnêtement possible, et nous devons rester humbles sur cette question. J’ai horreur de ceux qui se proclament des artistes gros comme ça, des grands de ce monde, souvent ce ne sont que des paroles, il faut voir aux résultats, et ne jamais juger de la valeur d’un écrivain sans l’avoir au moins lu trois fois.

 

S.D. - Sage réflexion. Et vos enfants? Vous leur avez rendu un témoignage vibrant dans ce même discours.

 

M.L. - J’ai simplement voulu m’excuser auprès d’eux d’avoir fait ce choix d’écrire. Il n’y pas un enfant sur cette terre qui a mérité d’avoir une mère écrivaine, qui doit faire passer son inspiration avant toute chose. Après tout, ils n’ont pas demandé à venir au monde.